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Tais-toi et parle!

17 février 2023
par Dennis Trudeau

L’auteur est retraité de CBC-Radio-Canada. Depuis treize ans, il coanime l’atelier de formation « Porte-parole crédible et efficace » chez Flanagan Relations publiques.

Alors que j’animais quotidiennement le bulletin de nouvelles de la CBC Montréal, ma sœur qui me regardait régulièrement m’avait fait part de ses observations. Elle s’étonnait que chaque soir je puisse m’adresser à un vaste auditoire en direct avec une belle énergie. « Tu n’es pas nerveux mon cher. On sent toute l’excitation et la fébrilité de nous livrer les principales nouvelles du jour. »

Il est vrai que ma présence chaque soir au petit écran ne me causait aucun souci, mais je ressentais néanmoins de l’excitation peu de temps avant d’entrer en ondes. D’ailleurs, lorsque j’ai pris ma retraite, j’ai continué à ressentir cette excitation pendant quelques temps en fin d’après-midi comme si je me préparais à lire mon bulletin de nouvelles à 18h00.

Prendre la parole dans les médias peut être troublant. Cela génère pour plusieurs de l’angoisse, en anticipant trop souvent le pire, et des préoccupations qui parfois nuisent à notre performance. 

Pourtant nous sommes tous et toutes des êtres de communication. Très souvent nous devons notre position dans une organisation ou dans une entreprise à notre talent naturel à bien communiquer. Un talent trop souvent négligé jusqu’au moment où nous devons l’exercer devant un nouvel auditoire.

J’ai longtemps gagné ma vie à parler au micro et devant une caméra en direct. J’ai réalisé plus de 25 000 entrevues dans ma carrière avec des personnes influentes, des personnalités et les témoins de l’actualité. Mais lorsque je devais prendre la parole en public, devant une salle comble je devenais subitement très nerveux avec des papillons dans l’estomac.

Et puis un jour, une personne qui assistait à l’une de mes prestations publiques m’a félicité pour mon aisance à lire un texte tout en regardant le public. Elle était impressionnée par ma capacité à rester en contact avec les personnes dans la salle sans m’égarer dans mon texte.

Cela m’a donné confiance. C’est là que j’ai compris que si on me demande de parler en public c’est parce que JE SUIS CAPABLE !

Oui, j’étais capable. Et me l’admettre a été toute une libération.

Pendant toute ma carrière de chef d’antenne à la télé anglaise de Radio-Canada j’ai dû initier de nombreux jeunes journalistes au reportage en direct sur le terrain. Généralement on me demandait : « Quelles questions tu vas me poser? » pendant le bulletin de nouvelles. Ma réponse était toujours la même : « Qu’est-ce que tu veux me raconter, à moi et à l’auditoire? ». Car les questions ne sont pas importantes, elles ne sont qu’une occasion de livrer son message, raconter son histoire. Et penser à ce qu’on veut dire et à qui est le début de sa préparation pour prendre la parole en public.

« Mais si j’oublie quelque chose? » me répondait invariablement les jeunes journalistes inquiets de ne pouvoir tout raconter leur histoire. « Mais voyons, disais-je, c’est votre histoire. Personne dans le public se demandera si vous avez oublié un détail! ». En effet, lorsque vous racontez une histoire, lorsque vous prenez la parole en public, vous ne pensez pas à tous les éléments que vous connaissez, ça coule de source. Et les oublis qui peuvent survenir, on les oublie, c’est tout.

Permettez-moi de conclure avec une autre anecdote.

Un membre expérimenté de notre équipe de nouvelles-télé se décourageait lorsqu’il voyait un journaliste en direct se perdre dans des élucubrations ou s’enfarger dans les fleurs du tapis comme on dit communément. Alors, il disait tout haut en s’adressant aux moniteurs télé de la régie : « Tais-toi donc! Et parle! ».

Il avait tout vrai. C’est donc si simple (en principe) :

Pense à ton histoire;

T’es capable;

Tais-toi et parle!

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