Le mois dernier, Québec annonçait une aide financière substantielle aux sociétés minières sous la forme d’un crédit sur les redevances minières futures. C’est là une façon de rendre le Québec un peu plus concurrentiel et de tenter de faire oublier que la province a définitivement perdu son statut de région minière #1 dans le monde selon le Fraser Institute, suite à l’application du régime des redevances minières en 2014.
Mais le plus important à court terme, c’est que cette aide financière va aider les entreprises minières à financer des études de plus en plus complètes et couteuses pour satisfaire les diverses lois qui encadrent un nouveau projet minier. Car celles-ci ratissent maintenant bien plus large que les risques de pollution et de contamination, comme c’était le cas il y a une vingtaine d’années.
Comprendre les communautés
En effet, les études d’impact incluent désormais l’acceptation sociale d’un projet minier, lequel va bien plus loin que de simplement communiquer les grandes lignes du plan global de mise en production d’une mine.
D’ailleurs, la directive pour la réalisation d’une étude d’impact sur l’environnement d’un projet minier mentionne d’ailleurs clairement que l’évaluation environnementale prend en compte l’ensemble des composantes des milieux biophysique et humains susceptibles d’être affectés par le projet.
En fait, pour qu’une mine soit acceptée par les différents individus, groupes et collectivités touchés par un projet, l’entreprise minière doit débuter l’échange d’informations dès l’acquisition de la propriété minière.
Et rien ne devrait être entrepris sur le terrain – même pas les tout premiers travaux d’exploration préliminaires – avant qu’une première rencontre avec les principaux intervenants, de la propriété et autour de la propriété minière, n’ait eu lieu.
C’était d’ailleurs une de mes préoccupations lorsque, CEO d’une société minière active au Pérou, je discutais avec mon équipe de gestion des meilleurs moyens pour nous d’être accepté chez eux…
Aussi, un des critères que nous avions sélectionnés était de s’assurer que nous allions apporter « un plus » dans la région d’influence de notre propriété et dans un rayon de plusieurs kilomètres autour de notre mine. Et nous refaisions régulièrement cet exercice afin que notre présence soit perçue positivement pour toute la durée de vie de notre projet minier.
Ainsi, nous avions privilégié de petits fournisseurs locaux pour les services d’entretien des équipements, d’alimentation et l’embauche.
De plus, ma société était concrètement impliquée socialement, financièrement et techniquement afin de fournir de meilleures installations scolaires aux écoles locales en plus de favoriser l’accès à l’internet à une époque où les populations rurales éloignées étaient passablement défavorisées.
Les temps ont changé mais…
Aujourd’hui, comme le rappelle l’AMQ, les sociétés minières sont responsables à 100 % de la restauration des sites miniers et elles sont obligées de déposer 100 % de la garantie financière permettant de couvrir les couts liés à la restauration.
Si bien que les sociétés minières sont maintenant régies par plus de 100 lois, règlements et normes en matière environnementale.
La partie de séduction envers les futurs partenaires est loin d’être gagnée d’avance !
Car les citoyens se rappellent amèrement tous les cimetières miniers datant d’une autre époque, certes, mais ces images désolantes demeurent très présentes tant dans l’imaginaire que dans la réalité de certains paysages lunaires québécois!
De plus, je crois malheureusement que ces souvenirs persisteront pour des décennies à venir…
Il y a une vingtaine d’années, les sociétés minières exploitant une mine souterraine, procédaient à la transformation et lorsque la mine fermait ses portes, ils n’avaient qu’à quitter les lieux en laissant derrière eux des tonnes de résidus miniers actifs qui continueraient à polluer et détruire l’environnement tant au plan visuel que naturel, pour des décennies.
Il suffit de penser à ces images pour imaginer le chemin que les dirigeants d’une entreprise minière, tant au stade d’exploration que de production, doivent franchir pour obtenir l’acceptabilité sociale de leur projet minier!
Bien qu’il soit désormais effectivement impossible qu’une entreprise minière cesse subitement ses activités et laisse aux Québécois le fardeau de restaurer et réaménager son site minier, l’acceptation sociale n’en demeure pas moins difficile à obtenir en 2018.
Et, conserver cet appui, sur une décennie ou deux, sera aussi un défi!
Maintenir l’acceptation sociale
Dans les années 1990 au Pérou, les règles environnementales étaient pratiquement inexistantes, tout comme dans le reste de l’Amérique latine. Et les lois qui existaient n’étaient pratiquement jamais respectées…
En somme, le contexte qui prévalait il y a vingt ans était similaire à celui qui avait existé au Québec, dans les années 1950. En revanche, aujourd’hui les lois péruviennes ainsi que leurs applications ont radicalement changé. Par ailleurs, les citoyens du Pérou ont – eux aussi – développé de la méfiance envers l’industrie minière et conséquemment, l’acceptation sociale y est de plus en plus difficile.
En 2018, la promesse de créer des emplois ne suffit plus!
Aujourd’hui, il faut plus que des nouveaux emplois pour convaincre les différents intervenants sociaux. Il faut du dialogue, beaucoup de dialogue, des rapports, des preuves et des explications claires et concrètes.
Auparavant, on signait un accord avec la communauté située là plus près du projet minier et tout était réglé. Pour toujours! C’était comme signer un contrat de mariage à une certaine époque…
Bref, aujourd’hui, il faut faire plus qu’une entente signée, il faut de la communication, en continu!
Une étude d’impact signe le début d’une longue relation qui se terminera avec la fermeture définitive de la mine et la restauration complète du site.
Conclusion
Tout change très rapidement dans le secteur minier, d’autant plus que la technologie évolue très rapidement et cela modifie à la fois les méthodes de traitement de minerai et conséquemment, la composition des différents contaminants dans les résidus miniers.
Les gestionnaires doivent donc maintenir l’échange avec les différentes parties prenantes. Entre autres, pour les maintenir informés et discuter des changements importants envisagés au projet.
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