Si ce n’était que de ses pas de danse, les Québécois pourraient assurément tout pardonner au docteur Arruda. Après tout, le directeur national de la santé publique du Québec a réussi à convaincre le premier ministre François Legault et son entourage de mettre rapidement le Québec sur pause. En utilisant le langage de la science, il a réussi le même petit miracle auprès des Québécois. Juste pour cela, on serait prêt à lui pardonner ce faux-pas.
Mais. Il y a un mais.
Malheureusement, nous ne sommes pas encore sortis de la crise. Montréal affiche l’un des pires taux de contagion en Amérique du Nord. L’appel au déconfinement progressif des régions génère une hausse de l’inquiétude des Québécois. Et moult familles vivent le deuil de leurs parents et de leurs grands-parents alors la COVID-19 frappe encore durement les CHSLD du Québec.
Reste que les Québécois seraient sans doute encore prêts à lui pardonner.
Cependant, depuis le début de la pandémie, le docteur Arruda multiplie les faux-pas qui, à terme, mine la crédibilité des actions du gouvernement. Par exemple, lorsqu’il a refusé de reconnaître la justesse des propos de la scientifique en chef du Canada, madame Mona Nemer, tout en invoquant les « gérants d’estrade », plusieurs n’ont pas compris cette prise de position. Prise un.
Surprise ! Après une visite très médiatisée dans l’arrondissement en crise de Montréal-Nord vendredi dernier, on apprend en fin de journée par le biais d’un communiqué les projections catastrophiques de l’INSPQ sur l’immunité collective. Le médecin-épidémiologiste à l’Institut national de santé publique du Québec, Gaston De Serres, a révélé qu’il avait communiqué la teneur des chiffres au docteur Arruda dès mercredi. Pourtant, pas un mot en conférence de presse. Prise deux.
Finalement, son refus de promouvoir le port du masque comme moyen de limiter la contagion, contrairement aux recommandations de la santé publique canadienne, est un sujet chaud depuis le début de la crise. Alors qu’il maintenait le même discours dans les derniers jours, le docteur Arruda, accompagné de monsieur Legault et madame McCann, s’est présenté à la conférence de presse du 12 mai portant un masque au visage. Cette incohérence lui vaut de nombreux questionnements. Et une troisième prise.
Et c’est sans compter les espoirs déçus des Québécois et de Montréalais face aux multiples annonces de l’augmentation massive des tests de dépistage. Prise quatre?
Pourtant, nonobstant leur grande visibilité médiatique, peut-on imaginer la docteur Theresa Tam au Canada ou le docteur Anthony Fauci aux États-Unis esquisser un pas de danse au bénéfice de… ? De qui d’ailleurs ? On a finalement su que l’organisme auquel les fonds avaient été promis, le Refuge de jeunes, bien connu grâce à son porte-parole Dan Bigras, ne savait pas que les profits de la danse rap lui étaient destinés. D’où le refus de s’associer avec les « moves » du bon docteur. Nul ne peut douter de la générosité de monsieur Arruda, mais à titre de tête d’affiche du gouvernement en ces temps de crise, sa seule et unique préoccupation se doit d’être la santé publique.
Le docteur Horacio Arruda, directeur national de la santé publique du Québec, semble se laisser séduire par les sirènes de la célébrité et de la politique. Alors que plus que jamais, nous comptons sur lui, le docteur Arruda multiplie les faux pas et s’éloigne de sa mission principale.
En gestion de crise, il arrive un moment critique. Celui où on atteint un point de bascule, où notre interlocuteur perd toute crédibilité. Au comité de crise du gouvernement Legault, on ne se souhaite sûrement pas atteindre ce moment fatidique. Pourtant, la menace est bien réelle.
Ne serait-il pas temps d’envisager un changement de porte-parole ? Ou de faire davantage place à d’autres scientifiques ou directeurs régionaux de la santé publique ?
Les Québécois sont-ils prêts à pardonner une nouvelle fois au docteur Arruda, malgré ses excuses en conférence de presse ? Ces mêmes Québécois qui, il faut le dire, en ont fait une célébrité instantanée en début de confinement. Sans doute.
Nul ne remet en doute sa volonté de servir. L’homme est intense et sans doute épuisé, comme l’est aussi toute l’équipe de gestion de crise du gouvernement. Mais il doit rapidement se recentrer sur la science, au cœur de sa mission. Pour notre plus grand bien.
Car si le porte-parole principal de la santé publique devient une distraction au point de nuire aux efforts du gouvernement, il faut le changer.
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