
Le Québec connaît de plus en plus de débats autour de de projets immobiliers visant la densification des zones urbaines, la production et de transport d’énergie verte, l’implantation d’infrastructures ou encore de projets environnementaux. Sera-t-il possible de favoriser des débats et des discussions en évitant une violente polarisation des communautés? Est-il possible d’atténuer, voire d’éviter ce phénomène qui nuit considérablement à notre démocratie?
D’abord, de quoi est-il question lorsque l’on parle de polarisation? Au fonds, cette tendance sociale n’a-t-elle pas toujours existée? Pensons, par exemple, aux différents enjeux des années 60 aux États-Unis, en France ou au Québec.
Rapidement, on remarquera une très grande différence avec cette époque : la présence des médias sociaux et d’Internet. Aujourd’hui, non seulement les informations circulent à une vitesse fulgurante, mais aussi, et surtout, la désinformation et la mésinformation.
Autre différence notable : la fragmentation sociale; c’est-à-dire que les personnes se reconnaissent dans des groupes de plus en plus « spécialisés ». De même, on en arrive à penser que notre opinion vaut bien celle d’un autre; quand bien même cet autre est une sommité dans son domaine. On constate alors que les systèmes de valeurs partagés par une communauté, voire une nation, tendent à éclater. « Ce que je pense vaut ce que l’autre pense » : c’est la reconnaissance autoréférentielle.
Tout ça pour dire que l’émotion prend de plus en plus le pas sur la raison. Les personnes développent des réflexes pour se positionner rapidement devant une information, qu’elle soit vrai ou fausse. Il n’y a que trop peu de prise de recul, ni de confrontation de sources d’informations; comportements pourtant minimalement nécessaires à la conception d’une opinion plus réfléchie. Et ce positionnement rapide est encouragé, amplifié par les médias et les médias sociaux. De fait, très vite, des étiquettes sont données aux différents camps. Il faut choisir!
Ainsi, devant cette difficulté à débattre, le fait de simplement échanger sur des projets communautaires devient souvent un défi puisqu’on se retrouve devant des groupes rapidement campés derrière des positions peu ou pas subtiles. C’est ce qu’on appelle la polarisation.
Des pistes de solutions
Est-il possible de contrer cette tendance? J’espère que oui! Une des meilleures pistes pour y parvenir est de s’engager dans une véritable démarche de participation publique; avec de véritables professionnels en la matière. En l’occurrence, il sera important de bien comprendre le contexte dans lequel se déroulera la démarche autour d’un projet. On parle ici d’une analyse sociale, politique, économique, historique et culturelle. Ensuite, il sera alors possible d’identifier les sources de conflits, qu’elles soient techniques, politiques, humaines ou de n’importe quelle nature. On pourra dès lors éviter d’attiser ces sources de conflits.
D’un autre côté, ce sera l’occasion de travailler autour de ce qui rassemble encore la communauté. De le nommer et de bâtir à partir de là.
Enfin, il y faudra faire preuve de beaucoup de doigté et de respect mutuel. Il existe des méthodes pour gérer ces situations. De même, le choix des outils et des approches de consultation pourra être déterminant dans la qualité de la démarche. Par exemple, une simple soirée d’information dans une salle avec un micro, en sachant que deux groupes veulent guerroyer, ne serait très avisée! On devrait alors adopter une approche avec des rencontres avec de plus petits groupes, voire même des rencontres individuelles si cela est nécessaire. Il existe plus de 70 méthodes de consultations, ce n’est pas le choix qui manque. Par contre, faire ces choix et les actualiser : c’est là que le professionnel en participation publique, avant, pendant et après la démarche, prend toute son importance.
En résumé
Le rapport avec la polarisation? En prenant soin de bien connaître le contexte et les enjeux, on peut déjà diminuer les risques d’augmentation des tensions. Ensuite, avec une démarche bien adaptée et respectueuse, il est possible de faire participer une communauté. Enfin, en choisissant judicieusement les méthodes, les outils et les approches, on optimise les chances de voir progresser notre consultation publique.
Ainsi, il existe des pistes pour désamorcer la polarisation autour d’un projet communautaire. C’est encourageant!
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